PASSAGE DE LA LIGNE LE 2/11/1944
UN FAIT OUBLIE!!
Après
la Libération de PARIS le 25 août 1944 Les Armées Alliées
avancèrent vers l'Est de la France avant d'arrêter leur progression
à proximité de Baccarat, Durant une quarantaine de jours le front
s'y stabilisa.
L'anecdote
que je rapporte transmise de bouches à oreilles suscita à l'époque
un grand espoir.
Cependant
bien peu en connurent l'origine, encore moins les détails, pour ma
part c'est une douzaine d'années plus tard que, par hasard, j'en eus
connaissance j'eus à plusieurs reprises la possibilité de l'évoquer
avec l'intéressée, chaque fois simplement sans en changer un mot
elle me fit le même récit. C'est fidèlement que je le transcris.
Après
Azerailles et Gelacourt, c'est le 15 octobre 1944 que l'occupant
Allemand ordonne l'évacuation de la population de Baccarat et des
villages environnants, tous ceux qui n'étaient pas employés à des
travaux de défense devaient quitter les caves où ils s'étaient
réfugiés depuis fin septembre. Entassant difficilement leurs biens
à la fois les plus utiles et les plus précieux sur charrettes,
poussettes, bicyclettes voir brouettes, empruntant les chemins
forestiers de la forêt du Reclos, ils rejoignirent dans un premier
temps Neufmaisons
A
l'approche de l'hiver ils abandonnaient une ville soumise aux
harcèlements de l'aviation et de l'artillerie alliée.Ils
s'éloignaient de ponts dont on disait que les explosifs préparés
pour la destruction étaient de beaucoup trop importants. Répartis
dans les secteurs de Pexonne, Cirey sur Vezouze, chaleureusement
accueillis par une population qui trente ans plutôt avait subi les
mêmes vicissitudes Ils allaient connaître la promiscuité, la soupe
populaire, le désœuvrement.
C'est
dans ce contexte que le 2 novembre à Bréménil après la messe des
morts dite dans une cave la rumeur se répandit "Les Américains
ont pris Baccarat"
Dans
l'assistance une femme ne put plus longtemps résister à
l'incertitude,elle allait par elle-même vérifier le fait, savoir
dans quel état était là ville, dans quel état était sa
maison.Rapidement équipée, elle enfourcha sa bicyclette, et, par la
route directe Badonviller, Montigny, se prépara à parcourir les
vingt kilomètres qui la séparaient de Baccarat.
C'est
aux abords de Montigny que "Deux types qui parlaient français
et portaient des casques Allemands" l'interpellèrent "Hep
! là-bas, où allez-vous,ce n'est pas un lieu de promenade ici "Puis
venez voir ici que l'on cause"
Ils
l'invitèrent à se dissimuler à leur côté dans le fossé‚ de la
route D'où
venez-vous ? "De Bréménil" Où allez-vous ? "A
Baccarat" Quoi
faire ? "Voir dans quel état est ma Maison"
ILs
la conduisirent dans la cave de la fromagerie de Montigny, là,
devant une table un militaire se présenta à elle comme étant un
officier de l'armée de de Gaulle
Marie
François, qui avait 17 ans en 1914, et qui, à l'époque,
connaissait parfaitement les grades et insignes des armées en
présence lui répondit "J'ignorais que De Gaulle avait une
armée, mais si vous étiez dans l'armée Française vous seriez
Lieutenant"
A
nouveau "D'où venez-vous ? " "Où allez-vous ? "
Puis "Avez-vous vu des Allemands ?"et de répondre "Oui,
près du passage à niveau de Badonviller, une dizaine qui poussaient
un canon sur la route" Tout imbue des techniques de 1914, elle
ajouta "Mais il ne faut pas en avoir peur c'était un petit"
Cet interrogatoire terminé, ils la laissèrent sortir de la cave ce
2 novembre 1944 vers midi, ce fut pour voir dans la prairie en face,
en bordure du ruisseau "La Blette" une série d'explosion
"C'était presque beau" disait-elle
Les
Militaires lui ordonnèrent de redescendre dans la cave "Ils
m'ont presque fait peur en me disant qu'il y avait du danger"
Ce
n'est qu'en soirée qu'elle atteignit le quartier de Humbépaire à
Baccarat sa maison étant occupée par l'armée, des voisins lui
offrir l'hospitalité pour la nuit.
Le
lendemain 3 novembre toujours à bicyclette elle parcourut Baccarat
traversa
le grand pont duquel on extrayait de "grosses bombes"
constata les dégâts causés par la destruction des ponts du canal,
vit les militaires qui s'affairaient à leurs reconstructions. Puis
comme la veille, à bicyclette et par la même route se contentant de
contourner les trous d'obus s'en retourna à Bréménil, au retour
elle ne fut inquiétée ni par des Français ni par des Allemands
Traversant
Badonviller, toujours occupé par eux, tout en joie s'arrêtant à
chaque visage connu elle annonçait "Ce sont des Français qui
occupent Baccarat, le pont n'a pas sauté", énumérait les
dégâts, ajoutait "Dans la rue de Frouard les tanks stationnent
chenilles contre chenilles, il y en a tellement que l'on peut être
sûr que les Allemands ne reprendront pas Baccarat.
C'est
ainsi que sur la foi d'un témoin oculaire que, de Pexonne à Cirey,
fut colportée la réjouissante nouvelle "Les Français ont pris
Baccarat, le pont n'a pas sauté, la ville est presque intacte"
A Pexonne ce fut Monsieur Oliot, adjoint au maire de Baccarat, qui
livra, en la certifiant, la nouvelle au cours de la "Soupe
populaire" en une après-midi tout le village en était informé.
Qui aujourd'hui ce souvient de ce fait? Perplexe
un jour je lui fis remarquer que la forme d'un casque américain dont
étaient coiffé les Français était proche du casque allemand, et,
peut-être que les deux types...
C'est
très vivement qu'elle me répliqua "Pas du tout, je connais
parfaitement la forme d'un casque allemand, ils étaient coiffés de
casques allemands"
Quarante
ans plus tard, évoquant le détail des casques à mon ami Jean Marie
Cerutti qu'elle ne fut pas ma surprise de l'entendre s'écrier "Mais
c'était nous" et de m'indiquer que durant cette période la
"Division Leclerc" comportait, non-enregimentés‚ un
certain nombre de volontaires de la région et de Savoie n'ayant pour
seul uniforme qu'un imperméable de l'armée américaine et un casque
allemand récupéré‚ pour seul arme un poste émetteur, disséminés
aux avant-postes avec mission d'avertir l'arrière de toute incursion
allemande
Supplétifs
dont il fit partie et ce malgré‚ ses quinze ans,installés dans la
ferme de Grammont.. Ma Belle-mère avait bien vu: les deux types
avaient bien des casques
Allemands.
Décédée le 14 mai 1972,je n'ai pu lui confirmer, certain que de
là-haut
Elle
n'en a jamais douté.Le 17 novembre la 2ème D.B. pénétrait dans
Badonviller, le 18 dans Bréménil le 19 dans Pexonne et le 23
novembre dans Strasbourg. MOIS DE MAI DE L'AN DEUX MILLE
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