jeudi 10 décembre 2009

PASSAGE DE LA LIGNE LE 2/11/1944


UN FAIT OUBLIE!!

Après la Libération de PARIS le 25 août 1944 Les Armées Alliées avancèrent vers l'Est de la France avant d'arrêter leur progression à proximité de Baccarat, Durant une quarantaine de jours le front s'y stabilisa.
L'anecdote que je rapporte transmise de bouches à oreilles suscita à l'époque un grand espoir.
Cependant bien peu en connurent l'origine, encore moins les détails, pour ma part c'est une douzaine d'années plus tard que, par hasard, j'en eus connaissance j'eus à plusieurs reprises la possibilité de l'évoquer avec l'intéressée, chaque fois simplement sans en changer un mot elle me fit le même récit. C'est fidèlement que je le transcris.
Après Azerailles et Gelacourt, c'est le 15 octobre 1944 que l'occupant Allemand ordonne l'évacuation de la population de Baccarat et des villages environnants, tous ceux qui n'étaient pas employés à des travaux de défense devaient quitter les caves où ils s'étaient réfugiés depuis fin septembre. Entassant difficilement leurs biens à la fois les plus utiles et les plus précieux sur charrettes, poussettes, bicyclettes voir brouettes, empruntant les chemins forestiers de la forêt du Reclos, ils rejoignirent dans un premier temps Neufmaisons
A l'approche de l'hiver ils abandonnaient une ville soumise aux harcèlements de l'aviation et de l'artillerie alliée.Ils s'éloignaient de ponts dont on disait que les explosifs préparés pour la destruction étaient de beaucoup trop importants. Répartis dans les secteurs de Pexonne, Cirey sur Vezouze, chaleureusement accueillis par une population qui trente ans plutôt avait subi les mêmes vicissitudes Ils allaient connaître la promiscuité, la soupe populaire, le désœuvrement.
C'est dans ce contexte que le 2 novembre à Bréménil après la messe des morts dite dans une cave la rumeur se répandit "Les Américains ont pris Baccarat"
Dans l'assistance une femme ne put plus longtemps résister à l'incertitude,elle allait par elle-même vérifier le fait, savoir dans quel état était là ville, dans quel état était sa maison.Rapidement équipée, elle enfourcha sa bicyclette, et, par la route directe Badonviller, Montigny, se prépara à parcourir les vingt kilomètres qui la séparaient de Baccarat.
C'est aux abords de Montigny que "Deux types qui parlaient français et portaient des casques Allemands" l'interpellèrent "Hep ! là-bas, où allez-vous,ce n'est pas un lieu de promenade ici "Puis venez voir ici que l'on cause"
Ils l'invitèrent à se dissimuler à leur côté dans le fossé‚ de la route D'où venez-vous ? "De Bréménil" Où allez-vous ? "A Baccarat" Quoi faire ? "Voir dans quel état est ma Maison"
ILs la conduisirent dans la cave de la fromagerie de Montigny, là, devant une table un militaire se présenta à elle comme étant un officier de l'armée de de Gaulle
Marie François, qui avait 17 ans en 1914, et qui, à l'époque, connaissait parfaitement les grades et insignes des armées en présence lui répondit "J'ignorais que De Gaulle avait une armée, mais si vous étiez dans l'armée Française vous seriez Lieutenant"
A nouveau "D'où venez-vous ? " "Où allez-vous ? " Puis "Avez-vous vu des Allemands ?"et de répondre "Oui, près du passage à niveau de Badonviller, une dizaine qui poussaient un canon sur la route" Tout imbue des techniques de 1914, elle ajouta "Mais il ne faut pas en avoir peur c'était un petit" Cet interrogatoire terminé, ils la laissèrent sortir de la cave ce 2 novembre 1944 vers midi, ce fut pour voir dans la prairie en face, en bordure du ruisseau "La Blette" une série d'explosion "C'était presque beau" disait-elle
Les Militaires lui ordonnèrent de redescendre dans la cave "Ils m'ont presque fait peur en me disant qu'il y avait du danger"
Ce n'est qu'en soirée qu'elle atteignit le quartier de Humbépaire à Baccarat sa maison étant occupée par l'armée, des voisins lui offrir l'hospitalité pour la nuit.
Le lendemain 3 novembre toujours à bicyclette elle parcourut Baccarat
traversa le grand pont duquel on extrayait de "grosses bombes" constata les dégâts causés par la destruction des ponts du canal, vit les militaires qui s'affairaient à leurs reconstructions. Puis comme la veille, à bicyclette et par la même route se contentant de contourner les trous d'obus s'en retourna à Bréménil, au retour elle ne fut inquiétée ni par des Français ni par des Allemands
Traversant Badonviller, toujours occupé par eux, tout en joie s'arrêtant à chaque visage connu elle annonçait "Ce sont des Français qui occupent Baccarat, le pont n'a pas sauté", énumérait les dégâts, ajoutait "Dans la rue de Frouard les tanks stationnent chenilles contre chenilles, il y en a tellement que l'on peut être sûr que les Allemands ne reprendront pas Baccarat.
C'est ainsi que sur la foi d'un témoin oculaire que, de Pexonne à Cirey, fut colportée la réjouissante nouvelle "Les Français ont pris Baccarat, le pont n'a pas sauté, la ville est presque intacte" A Pexonne ce fut Monsieur Oliot, adjoint au maire de Baccarat, qui livra, en la certifiant, la nouvelle au cours de la "Soupe populaire" en une après-midi tout le village en était informé. Qui aujourd'hui ce souvient de ce fait? Perplexe un jour je lui fis remarquer que la forme d'un casque américain dont étaient coiffé les Français était proche du casque allemand, et, peut-être que les deux types...
C'est très vivement qu'elle me répliqua "Pas du tout, je connais parfaitement la forme d'un casque allemand, ils étaient coiffés de casques allemands"
Quarante ans plus tard, évoquant le détail des casques à mon ami Jean Marie Cerutti qu'elle ne fut pas ma surprise de l'entendre s'écrier "Mais c'était nous" et de m'indiquer que durant cette période la "Division Leclerc" comportait, non-enregimentés‚ un certain nombre de volontaires de la région et de Savoie n'ayant pour seul uniforme qu'un imperméable de l'armée américaine et un casque allemand récupéré‚ pour seul arme un poste émetteur, disséminés aux avant-postes avec mission d'avertir l'arrière de toute incursion allemande
Supplétifs dont il fit partie et ce malgré‚ ses quinze ans,installés dans la ferme de Grammont.. Ma Belle-mère avait bien vu: les deux types avaient bien des casques
Allemands. Décédée le 14 mai 1972,je n'ai pu lui confirmer, certain que de là-haut
Elle n'en a jamais douté.Le 17 novembre la 2ème D.B. pénétrait dans Badonviller, le 18 dans Bréménil le 19 dans Pexonne et le 23 novembre dans Strasbourg. MOIS DE MAI DE L'AN DEUX MILLE


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